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Baptiste, Lorient


C'est une petite tête blonde à lunettes d'un mètre trente cinq, le sourire immuable aux lèvres et d'une curiosité affolante, attachante. Seul, il occupe l'espace comme si nous étions cinq, bavard comme vous pouvez l'imaginer, mais pas chiant. Il enchaîne question sur question alors que nous sommes présentement ici pour les lui poser, interrompt les conversations avec les autres membres de sa famille et semble encore plus heureux que nous de notre rencontre. Nous sommes, c'est certain, le nouveau jouet de sa journée. Baptiste a 8 ans et il est élève de CE2 à Lorient après avoir sauté le CE1 cette année. Tous les matins, le petit breton s'éjecte de son lit à 7h00 précise, car chaque minute compte dans la vie, et s'empresse de faire sa toilette afin d'être à l'heure à l'école car non, il n'est pas du genre à traîner des pieds et oui, il est sérieusement motivé. Il adore ainsi les maths et c'est une des raisons de sa précocité et bien moins le français car il était obligé de l'apprendre avec des élèves de cours préparatoire l'année passée. Pour canaliser son énergie débordante, Eric, son père, fan viscéral de l'OGC Nice, dont il est originaire, lui a fait pratiquer le football, malheureusement (pour l'ego paternel), sans réussite. Baptiste pratique depuis lors le "ping-pong" avec bien plus d'envie, se sentant plus à l'aise avec le sport "non-collectif", il s'amuse ainsi avec sa raquette à varier les effets sur sa petite balle blanche en plastique.

Il y a un peu plus de 8 ans maintenant, Baptiste fut le "bébé miracle" de ses parents et spécialement de sa mère Nathalie, qui vit depuis plus de vingt ans avec la sclérose en plaques (SEP), une maladie auto-immune qui affecte le système nerveux central. Cette maladie entraîne des lésions qui provoquent des perturbations motrices, sensitives et cognitives et qui, à plus ou moins long terme, peuvent progresser vers un handicap irréversible. De ce fait, suite à l'évolution de sa maladie qu'elle a développé à la fin de l'adolescence, Nathalie s'était vue entendre de ses médecins qu'elle ne serait plus capable d'être enceinte après les naissances de ses deux filles. Mais la venue au monde de Baptiste a force est de constater, contredit cette vérité.

Baptiste a toute connaissance de la maladie de Nathalie, elle qui ne lui a jamais rien caché ; il n'y a d'ailleurs pas de tabou concernant la maladie, la mort ou n'importe quel autre sujet dans la famille, que ce soit pour lui ou ses deux grandes sœurs. D'un optimisme sans faille, sa gentille maman lui a appris qu'il lui faut profiter de chaque instant de son existence et que sa maladie ne la faisait pas mourir dans l'absolu, simplement raccourcir un petit peu son séjour sur Terre. Peut être est-ce alors pour cette raison que le soir, tandis que nous questionnons sa mère sur son histoire, il grappille malicieusement des minutes au lieu d'être couché sagement dans son lit. Il sait que ce ne sera pas elle qui le grondera (mais son père n'est pas bien loin, attention !).

Mature pour son âge par la force des choses, doué à l'école, Baptiste est ambitieux et sait déjà de quoi son avenir sera fait. Il en est intimement convaincu : quand il sera grand, il ira en Allemagne car l'industrie pharmaceutique y est performante, il y sera chimiste et trouvera un remède pour soigner sa maman. On ne peut que lui souhaiter d'y parvenir, pour lui, sa mère et toutes les personnes atteintes de sclérose en plaques.


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